Le pic noir

Chaque mois, Michel Brugière vous propose un article dédié aux oiseaux de notre commune.  

 

Pic noir (Dryocopus martius)

Classification (Ordre, Famille) : Piciformes, Picidés

 

 

Description de l’espèce

Le Pic noir est le plus grand des pics européens. Le plumage adulte est entièrement noir, à l’exception d’une tache rouge vif qui s’étend du front à la nuque chez le mâle, et qui se limite à la nuque chez la femelle. Le bec est blanchâtre, sauf à l’extrémité et sur l’arête supérieure, qui sont noirâtres. L’iris est jaune pâle, les pattes sont grises.

Certains individus présentent un plumage teinté de brun, surtout au niveau des ailes.

  • Longueur : 45 à 48 cm
  • Envergure : 67 à 73 cm
  • Poids : environ 200 à 380 g

La voix est variée et comprend des séries de cris plus ou moins longues, sonores en vol, plaintifs lorsqu’il est posé. Le chant, très puissant, est émis surtout en vol ou lorsque l’adulte accompagne les jeunes.

Les manifestations acoustiques sont nombreuses :

  • Tambourinage : le pic frappe rapidement une branche ou un tronc sec avec son bec. Cela dure 1,5 à 2,5 secondes, comprend 35 à 44 coups et est audible à plus d’un kilomètre.
  • Martèlement : séries de 80 à 140 coups/minute exprimant l’excitation, en particulier en présence d’un congénère. Il est audible seulement à courte distance.
  • Piquage : réaction à un dérangement, notamment au nid, encore plus discret.

 

Difficultés d’identification

En vol, de loin, le Pic noir peut ressembler à la Corneille noire, bien que cette dernière ait des battements d’ailes plus réguliers et des cris différents. Au printemps, certains cris du Pic vert évoquent ceux du Pic noir.

 

 

 

Répartition géographique

Le Pic noir est présent dans le nord et le centre de la région paléarctique, notamment en France et en Espagne.

En France, il est désormais présent dans presque toutes les régions, sauf en Corse, dans certaines parties de l’Aquitaine, du Midi-Pyrénées et du sud de la Provence. En Bretagne, il a atteint le Finistère et le Morbihan, et en Normandie, il est présent dans la Manche (nicheur et observé à Hanches).

 

Biologie

Le Pic noir a besoin de grandes superficies boisées (200 à 500 ha), avec la présence d’arbres âgés de gros diamètre (souvent des hêtres d’environ 120 ans), de bois mort en abondance (troncs, grosses branches, souches) et de fourmilières.

 

Comportement

C’est un oiseau diurne, dont l’activité commence relativement tard en hiver. Il dort souvent dans un ancien nid qu’il peut utiliser durant de longues périodes. Après la reproduction, il fait preuve d’une grande discrétion. Il escalade troncs et branches avec agilité, mais vient fréquemment au sol pour extraire des insectes dans le bois mort.

Son territoire autour du nid est limité (quelques dizaines d’hectares), mais son domaine vital peut s’étendre de 150 à 600 ha, voire plus selon la richesse alimentaire. Ce domaine est souvent plus grand en hiver.

Solitaire en dehors de la reproduction, il éprouve un fort besoin de creuser le bois, même hors période de nidification. Les adultes sont en principe sédentaires, tandis que les jeunes peuvent se disperser à plusieurs dizaines de kilomètres. À l’automne, on peut observer des individus dans des zones où l’espèce ne niche pas.

 

Reproduction

Espèce monogame, le Pic noir peut se reproduire dès l’âge d’un an. Le couple est parfois fidèle plusieurs années. Les parades nuptiales (attitudes, mouvements, poursuites, cris) visent à renforcer la cohésion entre partenaires.

Les préliminaires durent environ deux mois. L’accouplement se déroule en général sur une branche horizontale en hauteur. L’arbre choisi pour le nid doit avoir un tronc lisse, sans branches sur 4 à 20–25 m de haut, avec un tour de tronc d’au moins 1,30 m à 1,30 m du sol. Les essences privilégiées sont le hêtre et la partie haute du pin sylvestre, mais d’autres espèces peuvent être utilisées (chêne, peuplier, tremble, merisier, sapin pectiné…).

Le nid, creusé dans un arbre sain (ou agrandi à partir d’une ébauche précédente), nécessite environ un mois de travail.

  • Ouverture : ovale, 8 à 9 cm de large, 11 à 14 cm de haut
  • Profondeur : 25 à 50 cm
  • Diamètre intérieur : 21 à 22 cm
  • Hauteur : 2 à 25 m du sol

Le fond est garni de poussière de bois et de copeaux. Les deux sexes participent au creusement, mais le mâle est plus actif.

La ponte, en avril-mai, comprend 2 à 5 œufs (parfois 1 seul), couvés durant 12 jours par les deux parents, principalement le mâle. Les jeunes, nus à la naissance, sont nourris 12 à 29 fois par jour avec des larves d’insectes (Cérambycides), des fourmis et autres insectes. Ils quittent le nid à 27–28 (parfois jusqu’à 31) jours. Après l’envol, le mâle et la femelle se partagent l’accompagnement des jeunes. L’indépendance est acquise fin juillet ou en août.

Le Pic noir ne réalise qu’une seule nichée par an. Sa longévité maximale connue est d’environ 14 ans (données de baguage).

 

Régime alimentaire

Il se compose principalement :

  • d’Hyménoptères (surtout des fourmis)
  • de Coléoptères (notamment Scolytes et Cérambycides)

Il complète ce régime avec de petits escargots vivant sur les écorces, des myrtilles, ainsi que des graines de pins et d’autres résineux.

 

 

État des populations

Le statut de conservation du Pic noir est jugé favorable en Europe. En France, la population était estimée à au moins 5 000 couples à la fin des années 1990–2000. Sa répartition a largement évolué au cours des 50 dernières années.

 

Menaces potentielles

L’espèce n’est pas actuellement menacée de régression ou de disparition. Cependant, certaines pratiques peuvent avoir un impact négatif :

  • fragmentation des grands massifs forestiers (infrastructures linéaires comme autoroutes ou lignes électriques)
  • plantations de résineux
  • récolte des arbres servant de nid
  • dérangement lié aux travaux forestiers ou à la présence humaine, surtout en avril et mai

 

Statut juridique

Le Pic noir est protégé en France (articles 1 et 5 de l’arrêté modifié du 17 avril 1981). Il est également inscrit à l’annexe I de la Directive Oiseaux et à l’annexe II de la Convention de Berne.

 

 

 

 

 

Et pour consulter les anciens articles :

Le geai des chênes
La fauvette à tête noire
Le grosbec casse-noyaux
Le coucou gris
La chouette hulotte
Le loriot d'Europe
Le rossignol philomèle
La bergéronnette printanière
Le Martin Pêcheur d’Europe
L'hirondelle
La sittelle

 

 

Michel Brugière est né dans un petit village de Touraine au bord de la Loire. Photographe amateur passionné par l’ornithologie depuis son plus jeune âge, retraité depuis 2003, il se consacre pleinement à la photographie de cet univers.

Sa passion naît très jeune : dès l'âge de 14 ans, avec un jouet en bois de sa propre invention imitant un appareil photo "clic clac", il prenait virtuellement en photo les animaux de la ferme de ses parents à Savigny-en-Véron, en Touraine.

Dès lors, il commence à économiser pendant sa formation d'apprenti maréchal-ferrant pour s'acheter son premier appareil photo, un véritable appareil bien loin du jouet en bois !

Le temps passe et sa passion se renforce. Il devient pompier professionnel à Rambouillet; la photographie animalière devient alors pour lui une respiration, un moment pour changer d’air, se ressourcer, et s’imprégner des couleurs et des odeurs du monde vivant.

 

 

"J'adore les milieux sauvages, marais, roselières, forêts, sentiers isolés et parfois les pelouses calcicoles pour photographier quelques orchidées et autres fleurs sauvages. Mon souhait, à travers mes prises de vues, est de partager l'existence des animaux, de souligner la beauté des plumages et de saisir l'instant d'une posture. Ma passion va bien au-delà d'un simple amusement aujourd'hui.

Je pourrais vous en parler pendant des heures, de mes souvenirs de prises de vues et de mes attentes interminables pour capturer l'image parfaite.

Des anecdotes, j'en ai plein ma besace : du martin-pêcheur au tétras lyre, en passant par le guêpier d'Europe et bien d'autres ; des levers à l'aube aux longues heures d'attente, des émotions extraordinaires...

 

Aujourd'hui, pris dans les filets de ma curiosité et de la beauté, je continue d'arpenter les chemins d'Eure-et-Loir et d'autres coins de France et vous propose de voyager avec moi à travers ces chroniques"